EXPOSITION 2025 | JE SUIS UNE HORS LA LOI | Galerie C. | Neuchâtel, Suisse

Une exposition à LA GALERIE C., de Neuchâtel en Suisse !

Du 16 Janvier au 1er mars 2025 , avec 3 autres formidables artistes:

Maude Arsenault,
Alexandra Catiere
Sara Kontar
Katherine Turczan

Les restrictions de libertés - n’existant déjà pas au même niveau au sein des différentes géographies -, viennent frapper à nos portes de façon insinueuse depuis des mois. 

Prenez le temps de vous imaginer vivre dans un monde où votre droit à disposer de votre corps n’est pas garanti, le droit de choisir d’avoir un enfant aboli, où vous avez peur de marcher seul-e la nuit, où l’on menace de vous ôter votre utérus à 30 ans pour vous pousser à participer au développement démographique, où vous êtes tuée parce que femme, où vous ne pouvez pas sortir sans accompagnateur, vous n’êtes pas libre de dire et penser, vous n’avez pas le droit de danser et de rire. De rire.

Maintenant rendez-vous compte qu’il ne s’agit pas d’une projection, d’un monde imaginaire, mais bien du leur, du nôtre et du vôtre.

Privilégié-es derrière notre écran, nous n’avons pu qu’admirer la force et l’immense courage de cette jeune étudiante iranienne, Ahou Daryaei, qui manifestait en sous-vêtements devant l’Université de Téhéran il y a quelques semaines. Un frisson de fierté, de peur - pour son sort -, de colère et de sororité a parcouru le monde ce jour-là.

Comment avancer, alors ? Que faire à notre si petit niveau, et depuis cet espace protégé dans lequel nous vivons ?

Pour notre part, nous cherchons réconfort du côté des artistes, qui souvent sont aux premières lignes de ces combats sociaux. Le poème de Maya Angelou, qui date déjà de 1978, ne résonne que trop bien avec l’actualité :

Malgré les interdictions, les menaces, l’emprisonnement, la mort même, qu’encourent les femmes, elles se soulèvent. Toujours.

Quatre photographes nous font l’honneur de montrer ce que l’on ne veut pas ou plus voir. Elles osent être à la limite, montrer une face cachée, ce qu’on ose plus dire qu’à peine, chuchoter parfois, voire même penser.

Maude Arsenault nous montre le corps féminin. Trop souvent sexualisé par le regard masculin dans l’histoire de l’art, le «male gaze» est ici transformé. Le corps, frontal, l’organe génital, brut est dénué de sensualité, ou peut-être au contraire, est-il augmenté d’une sensualité revendiquée ? L’artiste redonne au sujet féminin sa subjectivité et son autodétermination, une façon de s’approprier son corps et son image. Des parties du corps qu’on n’ose pas montrer, vous font-elles peur ?

- C’est mon impertinence qui vous perturbe ?

Les portraits d’Alexandra Catiere paraissent intemporels. De la Biélorussie, à la France, en passant par les Etats-Unis, elle cherche à transcrire dans ses photographies une sorte d’universel. Des sensations, des émotions qui nous relient toutes et tous. Son appareil photo devient l’outil qui transcrit l’empathie de ses sujets. La douleur, la tristesse, la mort sont des thèmes qui sont abordés dans son travail sans filtre, de manière sensible et authentique.

Les oeuvres de Sara Kontar et Katherine Turczan partagent une volonté de rendre visible les invisibles, en témoignant des conséquences intimes des bouleversements politiques et historiques et en capturant la résilience des communautés marginalisées.

Sara Kontar documente la vie de femmes syriennes en exil, qui ont fui la guerre. Arrachées à leurs patries, ces femmes recréent une communauté, un «chez soi» loin de leur maison, en ritualisant symboliquement le fait de se couper les cheveux. Les seules mains en qui elles ont confiance sont celles de leurs «soeurs». Par ce geste, elles délèstent un tout petit peu de poids, de souffrance, en signe de nouveau départ. Ces femmes invisibles dans notre société, à qui Sara donne un visage, prennent soin les unes des autres, en recréent une forme de vivre ensemble et une bienveillance qui leur a été niée.

Katherine Turczan, quant à elle, capture avec une senbilité poignante la jeunesse ukrainienne des années 1991 à 2008. Après Tchernobyl et la chute de l’Union soviétique, l’artiste photographie des enfants, des femmes et des adolescentes - très peu d’hommes - qui sont les oubliés de ces traumatismes collectifs et de ces bouleversements profonds. L’artiste portraite une génération souvent éclipsée par les grands récits historiques. Emprunts de tristesse, ces visages sont les témoins des séquelles laissées par ces événements. Ces images ne peuvent que faire écho aux ébranlements politiques plus récents de l’Ukraine et de l’invasion russe en 2014 et 2022.

Ces artistes, toutes à leur manière, prennent des risques. Elles frôlent les limites de ce qui est montrable, de ce que l’on veut communément voir en photographie et rendent ainsi compte de la complexité de cette frontière, arbitraire et subjective - entre ce qu’on accepte de regarder et ce sur quoi on détourne le regard.

Cette exposition se veut une véritable réflexion sur le rôle, le positionnement et la réaction de ces photographes, qui agissent et transcendent les limites imposées à partir de différents contextes politiques, marqués par une limitation dans la liberté de mouvement, de parole ou de pensées.

Elles se soulèvent.

Jeudi 16.01.2025, de 18h à 20h - Vernissage
Samedi 25.01.2025, à 20h - Concert Gospel
Mercredi 12.02.2025, à 18h - Visite guidée de l’exposition en partenariat avec la Société des Amis des Arts

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